L’hypnothérapie a des applications cliniques très variées qui couvrent de nombreux champs de la santé. Mais il est parfois difficile de s’y retrouver parmi toutes les pratiques de l’hypnose, cette discipline est souvent mal définie et peut conduire à certaines confusions pour le grand public.
La plupart du temps il est question dans les médias ou à la télévision d’aborder l’hypnose à des fins de divertissement alors que cette discipline est plus complexe qu’il n’y parait.
Ce qu’il faut savoir sur le titre d’hypnothérapeute
Avant de vous donner quelques éléments sur les utilisations concrètes de l’hypnothérapie, il convient de rappeler certaines informations sur la législation française.
Tout d’abord, vous devez savoir que le titre d’hypnothérapeute n’est pas protégé en France et que la pratique de l’hypnose n’est pas réglementée, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de formations officielles où se former ni d’organisme professionnel censé représenter la profession.
C’est pour cette raison qu’il convient d’être vigilant et attentif à plusieurs paramètres lorsqu’il s’agit de prendre contact avec un hypnothérapeute. Il y a quelques temps nous avions rédigé un article sur le numéro ADELI et l’inscription des professionnels réglementés dans le registre de l’ARS (Agence Régionale de Santé).
L’hypnose en quelques dates
Après ce léger aparté, revenons à l’application thérapeutique de l’hypnose qui peut prendre en charge de nombreuses problématiques psychologiques.
En résumé, l’hypnose correspond à une focalisation importante et à un rétrécissement de l’attention. Elle génère aussi un état de relaxation suffisant pour permettre au patient de devenir plus ouvert à la suggestion.
L’hypnose médicale
Nous trouvons les premières traces de l’hypnothérapie au 19ème siècle lorsque des chirurgiens utilisaient l’état hypnotique pour soulager la douleur pendant des opérations chirurgicales.
Nous devons les premières recherches scientifiques aux chirurgiens J. Esdaile et J. Elliotson (Numerous cases of surgical operations without pain in the mesmeric state. London : H Baillière ; 1843.).
L’hypnose a également été utilisée par S. Freud, le père de la psychanalyse qui utilisa cette méthode avec des patientes souffrant d’hystérie.
Au 20ème siècle, c’est Milton H. Erickson qui démocratisa l’exercice de l’hypnose dans la prise en charge des patients souffrant de maladie mentale. L’hypnose médicale pratiquée par Erickson donna ses premières lettres de noblesse à cette discipline thérapeutique qui est aujourd’hui pratiquée de manière étendue.
Aujourd’hui, de plus en plus d’unités médicales dans les établissements hospitalisers utilisent l’hypnose pour remplacer par exemple la prémédication avant une opération chirurgicale, c’est le cas du CHRU de Lille où un patient de 88 ans a pu bénéficier d’une séance d’hypnose avant son opération.
Dans quelles circonstances utilise-t-on l’hypnose thérapeutique ?
Comme nous l’avons précisé en introduction, l’hypnothérapie peut être utile pour réduire certains symptômes et apporter un mieux-être psychologique.
Elle est notamment utilisée pour prendre en charge les troubles phobiques, les troubles anxieux, la douleur chronique, les troubles du sommeil et les addictions.
Par exemple, l’hypnothérapie peut aider le patient à réduire sa consommation de tabac ou sa consommation de substances psychoactives. Dans les problématiques liées aux addictions, le patient est prisonnier d’un comportement répétitif qui lui fait perdre le contrôle et annihile sa volonté.
L’hypnothérapie et les addictions
Concernant la prise en charge psychothérapeutique de l’addiction, les recherches cliniques indiquent qu’il est fortement recommandé d’avoir une approche pluridisciplinaire afin de travailler sur plusieurs plans : sur le comportement addictif mais aussi sur la dimension psychique du patient.
Selon l’intensité d’une addiction, l’accompagnement peut se faire auprès d’un psychologue, d’un psychiatre et d’un médecin généraliste. La prise en charge peut être sous la forme d’une psychothérapie de soutien avec la mise en place d’un sevrage progressif.
Parfois, il sera prescrit un traitement de substitution et un travail de parole et d’élaboration ; l’hypnothérapie peut également faire partie du programme de thérapie.
Comment se déroule une séance d’hypnothérapie pour soigner une addiction ?
Dans un premier temps, l’hypnothérapeute doit présenter sa technique au patient en l’informant sur certains points. Il est important de créer une relation de confiance entre le praticien et le patient, l’alliance thérapeutique qui en résulte conditionne fortement la réussite du traitement.
Construire une relation de confiance entre le psychothérapeute et le patient
La première séance permet de présenter le cadre thérapeutique et de préparer le patient à entamer un processus de changement, le thérapeute doit également appréhender dans sa globalité la demande du patient (ce pourquoi il est présent).
Il est rare que l’hypnothérapie commence dès la première séance.
Construire un sentiment de sécurité
Lors d’une séance d’hypnothérapie, le patient va expérimenter une relaxation profonde facilitée par des exercices de respiration et l’attention portée sur ses ressentis. L’objectif pour le patient est de trouver un point d’ancrage sensoriel qui soit rassurant et plaisant.
Lorsque que les conditions sont réunies, l’hypnothérapeute utilise des stratégies d’induction sous la forme de suggestions verbales ; il peut par exemple demander au patient de porter son attention sur un stimulus sensoriel ou sur une image.
Progressivement, un co-travail de construction s’amorce et l’hypnothérapie pourra travailler directement sur les problèmes d’addiction dont souffre le patient.
Parfois, l’hypnothérapeute propose des exercices à réaliser en dehors de la séance afin de consolider les effets thérapeutiques.
Enfin, il faut rappeler que certains praticiens proposent des ateliers dédiés à l’hypnothérapie, c’est le cas de Frédérique Lesourd qui anime des séances sur Amiens et sur Paris, vous trouverez son programme [hypnose thérapeutique pour se libérer des addictions] via son site Internet.
Pour aller plus loin sur le sujet
- Erickson M.H. The collected papers of Milton Erickson on hypnosis. Ed. Irvington, New York, 1980. trad. française Inté – grale des articles de M. Erickson , Ed. Satas, Bruxelles, 1999.
- Haley J. Un thérapeute hors du commun. Milton H. Erickson. Ed. EPI, Paris, 1990.
- Hersch J. L’étonnement philosophique (De l’école Milet à Karl Jaspers) , Poche, Ed. Gallimard, Paris, 1993.
- Lejoyeux M. Addictologie. Ed. Masson, Paris, 2008.
- Rosen S. Ma voix t’accompagnera. Milton Erickson raconte. Ed. Hommes et Groupes, Paris, 1998.
- Rossi E.L. Psychobiologie de la guérison. Influence de l’es – prit sur le corps. Ed. Le souffle d’or, Paris, 2002.
- Roustang F. Qu’est-ce que l’hypnose ? Ed. Minuit, Paris, 1994.
- Salem G. L’hypnose . in : N. Duruz, M. Gennart. Traité de psychothérapie comparée.Ed. Médecine & Hygiène, Genève, Paris, 2002, p. 345-373.
- Salem G., Bonvin E. Soigner par l’hypnose. Ed. Masson, Paris, 2012 (5e édition).
- Salem G. Le combat thérapeutique. Ed. Armand Colin, Paris, 2012 (2e édition)