Depuis plusieurs années, la presse et les médias en général relatent des problématiques liées au monde du travail avec son lot d’appellations : risques psychosociaux, troubles anxieux, syndrome d’épuisement professionnel, burn-out, bore-out, etc.
Toutes ces appellations peuvent susciter une certaine confusion dans le grand public, mais ces concepts ont le mérite de relever un malaise profond dans notre société : celui de notre relation au travail et sur les souffrances qui peuvent en découler.
Dans cet article, je vous propose de revenir brièvement sur ce qu’est le burn-out, sur ses symptômes et sur les solutions qui existent pour retrouver un mieux-être dans sa relation au travail.
Tentons une définition du burn-out
Les modèles conceptuels sont nombreux pour définir le burn-out, mais certains patterns permettent d’en avoir une définition relativement simple à comprendre.
Brièvement, nous pouvons considérer le burn-out comme un trouble de l’adaptation entre le milieu professionnel et soi-même. Ce décalage, qui peut être important, génère alors une souffrance psychologique : épuisement émotionnel et physique, repli sur soi, perte du sentiment d’efficacité et dévalorisation.
Le burn-out peut également être ressenti lorsque la charge de travail et l’investissement personnel sont trop importants, nous parlons alors d’un état d’épuisement réactionnel à une exposition prolongée.
Quelles sont les étapes du burn-out ?
Les situations de souffrance au travail sont nombreuses à paraître dans la presse. Dernièrement, nous apprenions qu’une directrice du service d’aide à domicile harcelait ses salariés jusqu’à susciter chez eux un syndrome d’épuisement professionnel.
Burn-out, larmes, humiliations : la directrice du service d’aide à domicile faisait régner la terreur
« Tous les soirs en quittant le travail, je me disais : si j’ai un accident de la route en rentrant, demain je pourrais justifier mon absence», se souvient Sylvie, en larmes et la main tremblante. «Je faisais toujours le même cauchemar, je me pendais devant le bureau de la direction», témoigne au bord de la tétanie l’ex-responsable du service financier. «Le soir après le travail, j’avais des crises de spasmophilie. Je restais dans ma voiture pour qu’elles passent avant de pouvoir rentrer chez moi», avoue Jessica.
L’article de presse revient sur la chronologie des faits et montre à quel point le burn-out est une souffrance qui s’installe progressivement dans la vie des salariés.
Le modèle séquentiel du burn-out de Maslach et Leiter
Dans un ouvrage bien documenté : The Truth About Burnout (1997 et 2008), C. Maslach et MP. Leiter proposent un modèle théorique du burn-out qui décrit trois étapes cumulatives faisant basculer la personne dans une spirale infernale.
L’épuisement émotionnel
Le premier niveau correspond à un épuisement émotionnel avec l’apparition de troubles anxieux, de stress intense, de perte d’énergie, d’irritabilité et d’impulsivité.
Ce premier palier contraint l’individu à élaborer des stratégies d’évitement et de compensation, cela peut prendre la forme d’un absentéisme beaucoup plus important et d’un désinvestissement brutal ou progressif d’une partie de son travail.
Des symptômes physiques peuvent également apparaître avec une fatigue importante, une perte de motivation, des troubles du sommeil, une instabilité émotionnelle et la consommation plus massive de substances psychoactives.
La destruction progressive du lien social
Le second niveau est plus discret car la personne entre dans une phase de déshumanisation du lien social, le salarié se replie sur lui-même et instaure une distance entre lui et son entourage (professionnel et personnel).
La personne verbalise moins son vécu et peut développer des troubles anxieux avec la présence de ruminations et/ou d’idées noires. Cette phase de désillusion professionnelle implique une perte brutale des valeurs et des idéaux liés au travail.
La perte de sens et la dévalorisation personnelle
Le dernier niveau accentue la phase de déshumanisation et attaque les assises narcissiques de l’individu, il ne ressent plus d’accomplissement personnel, se sent incompétent et en vient à douter de ses compétences individuelles.
Des troubles anxieux plus marqués peuvent apparaître avec la présence d’angoisse réactionnelle au travail ; un épisode dépressif plus profond peut s’instaurer avec une dévalorisation de soi plus marquée.
D’autres modèles conceptuels ont été élaborés pour définir ce qu’est le burn-out, nous pouvons citer les travaux de A. Pines, E. Aronson (1981 et 1988), ceux de BA. Farber (1990 et 1991) ou plus récemment le modèle de PR. Gil-Monte (2008 et 2012).