Le suicide

Le suicide est un phénomène de société présent dans tous les pays du monde, qui touche toutes les tranches d’âges et toutes les catégories socio-culturelles. De ce fait, le suicide représente un problème de santé publique majeur à l’échelle mondiale et nécessite la plus grande attention des pouvoirs publics et de l’entourage des personnes présentant un risque suicidaire.

Dans ce dossier consacré au suicide nous souhaitons aborder cette problématique contemporaine sous différents angles et apporter des éléments de réponses qui permettront d’en améliorer sa compréhension.

Comment reconnaître la crise suicidaire ?

Prévenir et éviter un passage à l’acte suicidaire nécessite d’être attentif à d’éventuels signes qui traduisent la présence d’un état de mal-être psychologique pouvant occasionner une crise suicidaire.

Une rupture dans l’équilibre psychologique et social

La crise suicidaire est une rupture de l’existence faisant écho à une souffrance de l’individu qui n’est plus en capacité d’y répondre à la fois physiquement et psychologiquement, ses ressources personnelles sont épuisées et toutes les tentatives de résolution du problème ont échoué.

La personne considère alors le geste suicidaire comme la seule et unique solution envisageable pour réduire les tensions internes.

Mais il y a un laps de temps entre le début du processus suicidaire et son aboutissement par le passage à l’acte. Cette temporalité laisse la place à une prise en charge psychologique et à des interventions préventives qui peuvent diminuer le risque suicidaire.

Pour prévenir d’un éventuel passage à l’acte suicidaire, l’entourage doit être attentif à différents signes extérieurs et orienter la personne en souffrance vers des professionnels ou des structures de soins adaptées.

Toutefois, avant de présenter les signes précurseurs d’une crise suicidaire, il convient de rappeler qu’il est difficile de définir avec précision le cheminement singulier de chaque individu.

Les étapes du processus suicidaire

Avant la survenue d’un passage à l’acte suicidaire, la personne en souffrance psychologique peut alerter sur son état mental et exprimer son vécu douloureux de différentes façons.

Le processus suicidaire se développe progressivement en suivant plusieurs étapes :

  • La présence d’idées noires et d’idées suicidaires qui permettraient de résoudre le problème
  • La présence de ruminations mentales avec des pensées de dévalorisation, de ruine et de fatalité.
  • L’élaboration de scénarios avec des intentions suicidaires
  • La survenue d’une énième déception qui occasionne un passage à l’acte suicidaire

Ainsi, le processus suicidaire emprunte un cheminement spécifique qui va débuter par l’apparition d’idées suicidaires, la présence d’intentions suicidaires et la mise en action.

Pendant ce laps de temps, la personne peut présenter différents symptômes pouvant alerter l’entourage :

  • Rupture avec le fonctionnement habituel
  • Désinvestissement brutal des activités et des relations sociales
  • Repli sur soi et diminution des échanges verbaux avec l’entourage
  • Troubles de l’appétit
  • Troubles du sommeil
  • Comportements à risque avec mise en danger
  • Utilisation des réseaux sociaux pour partager des messages inquiétants et cyniques
  • Consommation excessive d’alcool ou de produits psychoactifs
  • Instabilité émotionnelle avec une agitation verbale et corporelle

Suicide : comment éviter le drame ?

Pour éviter le passage à l’acte suicidaire, il est important d’être attentif aux signes avant-coureurs qui marquent l’entrée dans un état de mal-être plus profond.

La personne en souffrance ne doit pas être seule avec ses idées noires et le dialogue doit être entretenu avec l’entourage, et si nécessaire avec l’appui de professionnels (médecin généraliste, psychiatre, psychologue, personnel éducatif, etc.).

Progressivement, la personne concernée pourra prendre conscience des premiers signes de la crise suicidaire et augmentera sa capacité de contrôle sur ses mécanismes internes.

Ainsi, la prise en charge rapide par l’entourage proche et par des professionnels permet d’éviter le passage à l’acte avec des perspectives d’évolution encourageantes.

Les numéros et les adresses utiles

En cas de risque suicidaire important, il est primordial d’avoir les bons réflexes et de contacter les services d’urgence :

  • Le SAMU au 15
  • SOS Médecins
  • Service d’urgence psychiatrique le plus proche

Pour entamer une démarche de soins, vous pouvez consulter différents professionnels :

  • Le médecin généraliste
  • Un psychologue
  • Un psychiatre
  • Un Centre Médico-Psychologique (CMP) le plus proche de chez vous

Il existe plusieurs plateformes téléphoniques en France pour accueillir la problématique du suicide :

Quelles sont les données statistiques et épidémiologiques du suicide ?

Au niveau des données statistiques et épidémiologiques du suicide, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que chaque année dans le monde près de 804 000 personnes meurent du suicide.

En France, chaque année, on compte 8 885 décès par suicide et entre 170 000 et 200 000 de tentatives qui échouent fort heureusement. Comme dans la grande majorité des pays, le suicide touche beaucoup plus les hommes que les femmes.

Plus particulièrement, la France est très mal placée dans le concert des nations européennes, puisqu’en termes de taux de suicide, elle se situe au 7e rang de l’Union européenne, c’est-à-dire au-dessus de la moyenne européenne.

Des chiffres de 2012 estiment qu’il y a un suicide toutes les 50 minutes. La France connaît des taux de suicide très élevés, une mortalité qui représente au moins trois fois celle très médiatisée de la mortalité routière.

Toutes les catégories socio-professionnelles sont touchées

En 2018, l’Observatoire National du Suicide révèle qu’il y a une propension plus importante de suicides dans certaines professions, des indicateurs socio-démographiques révèlent que les ouvriers et les agriculteurs ont un taux de suicide deux fois plus important que la plupart des autres métiers.

Des études anglo-saxonnes confirment ce constat en corrélant le risque suicidaire et le niveau de qualification : moins une personne à un niveau de qualification important plus elle est exposée au risque suicidaire.

Le suicide chez les adolescents

L’adolescence est une période charnière dans la construction psychologique et affective d’un individu, elle est une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte avec son lot de processus complexes.

Ces nombreux changements peuvent générer une grande souffrance et précipiter l’adolescent dans un état psychologique préoccupant avec la présence d’actes suicidaires.

Le suicide est la seconde cause de mortalité chez les adolescents. A ce sujet, l’Inserm révèle qu’environ 7,8 % des adolescents ont déjà réalisé une tentative de suicide et que 3,7 % d’entre eux l’ont répétée.

Le suicide au travail

La souffrance psychologique au travail est une réalité tangible qui peut conduire dans les situations les plus graves à des crises psychiques sévères pouvant aboutir au suicide.

Dans la presse et dans les médias, diverses appellations sont utilisées pour traduire cette souffrance au travail, on parle alors de syndrome d’épuisement professionnel, de risques psychosociaux, de burn-out ou de bore-out.

En l’absence de diagnostic, de prise en compte par l’entourage de la souffrance exprimée et sans prise en charge psychologique, le salarié peut se sentir démuni devant sa problématique et décider d’en finir avec la vie.

C’est pourquoi il est primordial de désamorcer la crise suicidaire en accompagnant l’individu à se soustraire temporairement de son milieu professionnel qui génère la souffrance, puis de lui donner la possibilité d’engager une médiation psychothérapique avec des professionnels (psychiatre, psychologue, médecin du travail, etc.).

Le suicide de la personne âgée

Quand il s’agit de parler de suicide, il est rarement fait mention de la personne âgée, alors que les professionnels observent véritablement une crise du vieillissement qui touche les plus de 65 ans.

Cette période de la vie est soumise à de profondes modifications avec bien souvent des ruptures douloureuses (professionnelles, sociales, maladies, décès, veuvage, perte de la mobilité, etc.).

Pour la personne âgée, l’entrée dans une institution de soins peut être vécue comme un réel traumatisme et comme le signe d’un avenir obscur, où la mort par suicide est la seule échappatoire.

Le taux de suicide chez la personne âgée de plus de 74 ans est trois fois plus important que celui des 24-35 ans. Près de 33 % des suicides concernent les individus âgés de plus de 60 ans.

Pour faire diminuer le taux de suicide chez la personne âgée, il faut continuer les campagnes de prévention et apporter une meilleure prise en charge de la souffrance psychologique. Cela passe par un accès facilité aux structures de soins médico-sociales et par un accompagnement pluridisciplinaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *